mercredi 4 avril 2012

La panthère et le caniche (Trieste)

Le Grand Canal, à hauteur du Ponte Rosso - au premier plan, la statue commémorative de James Joyce me tourne le dos.

Au retour d’une soirée dans la vieille ville, je m’arrête au James Joyce Café, en face du Grand Canal. L’auteur a séjourné dans l'appartement du dessus, à l’époque où il donnait des cours d’anglais à l’Institut Berlitz tout en polissant son Ulysse.

A la différence des innombrables établissements publics nommés en son honneur, aux quatre coins du monde, celui-ci n’a rien d’un pub ni même de particulièrement irlandais, si ce n’est la couleur des murs, qui sont verts comme un champ de trèfles après la pluie.

Il est tard et la clientèle de cinquantenaires est un peu éméchée: l'ambiance est presque glauque. Le barman se trompe trois fois de bouteille avant de trouver mon amaro. Le volume de la sono est trop fort; un client titube. Une grand brune d’un âge incertain se met à danser au milieu du bar. Vêtue d’une robe moulante panthère, elle tient un minuscule caniche entre les mains qu’elle soulève à hauteur de son visage pour le couvrir de baisers. Cucciolo, cucciolo mio! Sei un amore! Une œillade, une seconde, puis c’est au tour des habitués de me regarder fixement, avec des sourires entendus. Serait-ce une invitation à danser?

Dommage que je n’aie pas apporté mon fouet : nous aurions pu refaire le pas de deux d'Otto e mezzo.