samedi 7 avril 2012

L'honneur de ma logeuse (dépression sur l'Adriatique)

Piazza Milano - Trieste

Il pleuvait sans interruption depuis deux jours or j'avais besoin de savoir quel temps il ferait le lendemain pour planifier mon voyage. J'ai demandé à droite et à gauche: personne n'en avait la moindre idée. Il semblerait que les Triestois ne lisent pas les bulletins météorologiques, à la différence des Hauts-Alpins, qui ne lisent presque rien d'autre. Ma logeuse finit par me répondre que le mauvais temps ne durerait pas et que vienne le samedi de Pâques, il n'y aurait plus un nuage dans le ciel. Sans douter de l'exactitude de son pronostic, je mis l'enthousiasme avec lequel elle me l'avait délivré au compte de sa nature joviale et de son sens de l'hospitalité.

Le lendemain, il a plu des cordes toute la journée; trois jours plus tard, il pleuvait encore... Chemin faisant, je n'ai pu m'empêcher de penser à ce qui avait pu motiver une telle bugia. Elle a du croire que j'étais une âme inquiète qui avait besoin d'être rassurée alors que je voulais seulement savoir comment m'habiller.

Pendant trois jours, armé de mon seul parapluie, j'ai du défendre l'intégrité de ma logeuse contre les injures du climat. Chaque éclaircie était vécue comme une petite victoire collective.

Prato della Valle - Padova
Ce soir, enfin, un beau ciel de traîne déploie ses roses et ses bleus au-dessus de Padoue: je peux baisser les armes. Avec trois jours de retard, l'optimisme de ma logeuse triomphe.