mardi 22 juillet 2014

Substance sarde


E.H. (1859-1938)
Un repérage en Sardaigne consiste à s'assurer que la Sardaigne se trouve toujours bien en Sardaigne et qu'il y a encore du cannonau au fond de la bouteille de cannonau. A ce titre, c'est une entreprise eidétique qui s'intéresse autant à la substance qu'aux accidents. On reconnait d'ailleurs le voyageur automatique à son air transi et son chapeau de paille lorsque, arpentant les ruelles désertes sous un soleil furibond, il semble marcher comme dans un rêve en tentant de se remémorer le parfum du myrte.

Ma phobie des Stetsons


Je consomme trois chapeaux par an. Sous les tropiques, un par mois. Or mon Panama vient de rendre l'âme et à Bali, ils ne vendent que des chapeaux de cowboys. Pauvre de moi! Je ne connais aucun chapeau - et j'en connais un rayon - qui soit aussi peu flatteur pour la personnalité du pauvre hère qui se trouve en-dessous. Aujourd'hui, donc, j'ai du acheter un chapeau en feuilles de palme à larges bords, en forme de saladier, qui fait hurler de rire les femmes autochtones. Tout, même le ridicule, plutôt qu'un chapeau de cowboy texan... Sergio Leone ne s'y était pas trompé, qui a coiffé tous ses héros, de Clint Eastwood a Terrence Hill, de couvre-chefs improbables, réservant les Stetsons aux abrutis complets.

dimanche 2 mars 2014

The hair of the dog



Allongé sur le bord sur de la route, juste avant le virage, c’est un de ces chiens comme il y en a partout sur l’île : le poil ras, la peau grise creusée de plaques galeuses et rose, robuste et pourtant mal en point. Le chien de personne, le chien du virage, fidèle à son poste, pitoyable et redoutable à la fois. Un de ces chiens qui montrent leurs crocs au premier étranger venu, qu’il soit à pied ou à moto…
Quand il m'a entendu arriver en pétaradant, il a levé la tête. En me voyant ralentir, il a bondi sur ses pattes. Et comme je continuais de freiner et que j’entamais le virage, il s’est mis à grogner férocement. C’est alors que me remémorant le premier commandement du cynophobe – ignore-le ! ne change ni d’allure ni de direction ! – j’ai tenté de corriger cette mauvaise impression en redressant le guidon et en accélérant. Réflexe doublement imbécile, et fatal…. J’ai fini dans le fossé, vingt mètres plus loin. Galvanisé par ma chute, il se lance à ma poursuite. Quant à moi, excédé, ne sachant plus contre qui tourner ma fureur, du chien ou de l’abruti qui vient de se jeter droit dans le biaou, je bondis hors du fossé en hurlant : « Si je t’attrape, espèce de sale bâtard ! ». Mon français l’a coupé net dans son élan. Nous nous sommes regardés en silence quelques instants, puis il est retourné dans son coin, comme si de rien n’était. Les canards qui barbotaient dans la rizière à quelques mètres de là n’ont pas bronché. Animal admirable, le canard ! Tellement bien élevé. Dommage pour lui que sa chair soit si succulente.
Ce qui me donne une idée. Je vais profiter de mon séjour dans les îles de la Sonde pour goûter à la viande de chien. Il parait qu’ils la cuisinent très bien, à Singaraja. Je suis sûr que je ne les regarderai plus de la même façon, après en avoir mangé…

vendredi 14 février 2014

Songket fever


Songket fever is a disease endemic to the island of Lombok, Indonesia. Here are its symptoms, drawn from personal experience:

You see beautiful, fascinating, multicoloured patterns everywhere.

They seem alive; they are alive!

You spend all your money acquiring said patterns.

The thought of letting them out of your sight, unbearable.

Sympathising with your plight, women smile at you meekly, while spinning their yarns.

As for malaria, there is no cure; you have no choice but to leave the island, or succumb.