jeudi 26 juillet 2012

Fin de la campagne d'Italie du Nord



Je mets un point final au guide italien, attablé dans un café de Fornells, sur l'île de Minorque. Comme un télescope escamotable, mes pensées vont et viennent entre le printemps vénitien et l'été méditerranéen, entre les nuages bleu et rose qui flottaient au-dessus de Padoue et le ciel brûlant des Baléares.

Il est midi. C'est l'heure du grand hold-up du ciel et de la mer: plus personne ne bouge.

J'ai installé mon ordinateur dans un coin de la salle de la Ca'n Miquel, où je me délecte de la pénombre savamment entretenue par les lambris et le parquet de bois noir. Rien n'est plus éloigné de cette nuit artificielle que les ambiances lumineuses et fleuries des Pouilles et de Calabre, où je me trouvais il y a deux ans à la même époque. Le Mezzogiorno italien, qui comme l'Espagne est cramé de soleil six mois par an - terras tosdatas, écrivait Garcia Lorca - est le royaume de la lumière, des plantes grasses et des fruits. Même dans le désert de l'entroterra, l'Italien ne sacrifierait la vue à aucun des quatre autre sens...

Les Espagnols, eux, aiment les ténèbres. Leurs maisons sont comme des labyrinthes bâtis pour piéger la lumière du midi, qui après s'être égarée dans les couloirs, vient mourir doucement à la porte de votre chambre.