dimanche 2 mars 2014

The hair of the dog



Allongé sur le bord sur de la route, juste avant le virage, c’est un de ces chiens comme il y en a partout sur l’île : le poil ras, la peau grise creusée de plaques galeuses et rose, robuste et pourtant mal en point. Le chien de personne, le chien du virage, fidèle à son poste, pitoyable et redoutable à la fois. Un de ces chiens qui montrent leurs crocs au premier étranger venu, qu’il soit à pied ou à moto…
Quand il m'a entendu arriver en pétaradant, il a levé la tête. En me voyant ralentir, il a bondi sur ses pattes. Et comme je continuais de freiner et que j’entamais le virage, il s’est mis à grogner férocement. C’est alors que me remémorant le premier commandement du cynophobe – ignore-le ! ne change ni d’allure ni de direction ! – j’ai tenté de corriger cette mauvaise impression en redressant le guidon et en accélérant. Réflexe doublement imbécile, et fatal…. J’ai fini dans le fossé, vingt mètres plus loin. Galvanisé par ma chute, il se lance à ma poursuite. Quant à moi, excédé, ne sachant plus contre qui tourner ma fureur, du chien ou de l’abruti qui vient de se jeter droit dans le biaou, je bondis hors du fossé en hurlant : « Si je t’attrape, espèce de sale bâtard ! ». Mon français l’a coupé net dans son élan. Nous nous sommes regardés en silence quelques instants, puis il est retourné dans son coin, comme si de rien n’était. Les canards qui barbotaient dans la rizière à quelques mètres de là n’ont pas bronché. Animal admirable, le canard ! Tellement bien élevé. Dommage pour lui que sa chair soit si succulente.
Ce qui me donne une idée. Je vais profiter de mon séjour dans les îles de la Sonde pour goûter à la viande de chien. Il parait qu’ils la cuisinent très bien, à Singaraja. Je suis sûr que je ne les regarderai plus de la même façon, après en avoir mangé…